Les outils de recrutement ont fortement évolué en quelques années : des annonces dans la presse écrite il y a 15 ans aux réseaux sociaux d’aujourd’hui. L’évolution est telle depuis une année que les sites d’annonces d’emploi classiques (jobboards) pourraient même apparaître dépassés ?

Du formatage des opportunités d’emploi et des candidats dans les jobboards au dialogue à tout va dans les réseaux sociaux, l’effet de balancier sera-t-il aussi grand ?

Le recrutement sur les réseaux sociaux et les jobboards

Difficile à dire aujourd’hui car la transformation des processus de recrutement et de recherche d’emploi ne sont pas encore aboutis et les technologies n’ont pas dit leur dernier mot.

Si l’on prend en compte les besoins des recruteurs et des candidats et la dimension économique d’un recrutement, on peut être dubitatif sur l’évolution annoncée : une relation construite dans le temps et un dialogue quasi permanent, grâce aux réseaux sociaux !

On nous annonce en effet ici et là que pour identifier des candidats, les recruteurs intègrent le management de communauté engageant le dialogue avec les membres du réseau, alimentant les discussions au sein de groupes pour identifier et qualifier des profils … Des chasseurs de profils (têtes) en somme à la recherche de proies pouvant répondre à leurs descriptifs de postes sous les habits d’un community manager et d’un émetteur de contenus ?

On nous annonce aussi que les candidats ne feront plus acte de candidature mais du « Personnal Branding » (transposition regrettable du marketing après celle du capital humain de la finance …). Ils seront eux aussi de grands communicants au sein du réseau (blog, discussions,…)… Des proies consentantes à une approche directe par le chasseur.

Et puis on voit apparaître progressivement de nouveaux outils de sélection et de nouveaux critères.

Les réseaux sociaux ne seraient-ils que le prolongement de la mise en vitrine des candidats par les jobboards, que le prolongement de la critérisation des candidats avec des paramètres supplémentaires pour renforcer la sélection ou encore qu’une facilitation d’une chasse de têtes par nature élitiste ?

On pourrait avoir l’impression que le déplacement du recrutement des jobboards déshumanisés aux réseaux sociaux est une évolution positive pour réhumaniser la relation recruteur-recruté et pour diversifier les critères de sélection.

Mais cette impression peut être trompeuse si l’on y regarde de plus près : apparition de critères complémentaires pour affiner encore plus la présélection, relationnel biaisé dans le cadre de dialogues organisés, confusion des genres entre les informations personnelles et professionnelles…

Pour que cette évolution dans les pratiques de recrutement et de recherche d’emploi ne soit pas une régression, n’est-il pas nécessaire de  définir rapidement une charte* éthique du recrutement via les réseaux sociaux ?

* Grace à la vigilance de Jean-Christophe Anna http://www.job2-0.com/ et d’Aurélie Girard http://www.doyoubuzz.com/aurelie-girard