Quelques lecteurs de notre essai me disaient l’autre jour qu’en période d’incertitude comme actuellement, les organisations et les personnes allaient davantage se réfugier dans des pratiques et des fonctionnements connus, des routines et repères antérieurs plutôt que d’entreprendre de nouvelles façons de faire, voire simplement pivoter comme nous le préconisons avec Frédéric Mischler. Le raisonnement pourrait tenir si les situations présentes n’étaient pas inédites, inconnues. Si elle n’induisaient pas de fait des pratiques neuves, des modes de fonctionnements neufs. « Neuf » ne signifiant pas nouveau, innovant, disruptif… mais davantage sous un autre angle, dans une nouvelle relation, dans une recomposition… Alors stratégie d’habitudes ou stratégie de pivot, comment les entreprises peuvent-elles se transformer en terre inconnue ?

 

Information, pragmatisme et coopération

Dans notre Essai « Pour en finir avec les RH demain » paru fortuitement début avril, nous faisons le constat qu’à partir de réalités bien présentes et de réalités passées laissées en suspens, il est possible de réorienter ses actions et de réaliser en douceur un pivot non moins radical. Le domaine d’action que nous avons traité est celui très transverse des Ressources Humaines. La démarche est aussi valable pour d’autres domaines d’actions de l’entreprise.

En terre inconnue, trois facteurs sont clés :

l’information. A condition de se poser les bonnes questions pour rechercher les informations pertinentes, utiles. 

le pragmatisme. Il repose sur des décisions et des actions adaptées aux réalités émergentes, donc conduites comme des expérimentations. L’observation de ce qui se passe permet de retirer les informations les plus seyantes.

la coopération de tous les acteurs dans un même but, explicite et partagé. La coopération facilite l’accès à l’information pertinente de chacun et de tous au plus près des réalités et des apprentissages.

Comme nous le précisions, l’approche People Success & Intelligence que nous détaillons dans notre essai est adaptée à la situation de crise actuelle, comme elle l’est au regard du digital initié hier, comme elle l’a été au regard de la mondialisation et de la transformation de la relation d’emploi avant hier… L’approche est intemporelle, seuls les objectifs et les moyens sont à adapter au contexte, car elle repose sur les deux finalités suivantes, valables en tout temps :

> Intégrer plus en amont les leviers, les potentiels et les freins liés au facteur humain pour définir et conduire la stratégie de l’entreprise. Et en évaluer les performances.

> Réunir les conditions de l’implication du collectif de travail et de sa réussite. 

S’adapter dans une perspective neuve !

  • La pandémie actuelle, qui se cumulent avec les mouvement antérieurs,
  • Les ruptures multiples créées par les décisions prises pour réduire les risques sanitaires,
  • Les inconnues économiques et sociales qui en découlent,

Tous ces évènements projettent les entreprises et les personnes dans des situations inédites.

Ces situations inconnues appellent de réaliser les mêmes actions différemment comme d’inventer et de réaliser de nouvelles actions. Dans tous les cas, de s’adapter dans une perspective neuve.

« Le rapport à l’inconnu est en lien avec la notion de créativité, entendue comme la capacité d’un sujet à puiser, à la fois dans ses acquis expérientiels et dans son environnement, des éléments nouveaux de connaissance et d’action, propres à lui permettre de prendre une position et d’exister au mieux dans une situation nouvelle. Ce placement n’est pas seulement une adaptation à cette situation nouvelle. Il y a en même temps participation à une transformation de la réalité dont le sujet ne peut encore dessiner les contours… »  Le rapport à l’inconnu et à l’erreur.

Conduire ces adaptations organisationnelles dans la seule logique de limiter l’incertitude sanitaire, donc le risque sanitaire – que l’on voit d’ailleurs se transformer en risque juridique – ne suffira pas à soutenir le marathon que les directions d’entreprises et les collaborateurs vont devoir courir dans les prochains mois. Cela ne nourrira ni le sens du travail à réaliser, ni le sens de la présence dans l’entreprise, ni les motivations, les compétences, les énergies à déployer, etc. Ni ne répondra aux divers besoins de sécurité qui se renforcent dans de telles circonstances.

Décider sur les principes et réflexes passés sans observer, apprendre, comprendre, se saisir des informations que la situation révèle, notamment au regard de la composante humaine de l’organisation – désignée comme la première source de réussite d’une entreprise il y a encore quelques semaines – présente le « risque » de ne pas décider de la bonne stratégie, de ne pas exécuter les bonnes actions, de ne pas mobiliser le potentiel de contribution de chacun et de tous.

Puisqu’il la situation est inédite, autant orienter le travail dans une perspective neuve.   

Inscrire les réalités, les décisions et les actions, en somme le travail, dans une perspective élargie, un sens commun, une finalité humaine partagée ne demande pas plus de temps et d’efforts. Cela ne met pas en péril son efficacité, par nature potentielle.

Bien au contraire.

  • Les chances de concrétisation et d’impact sont renforcés à court terme par les trois facteurs cités : l’information, le pragmatisme et la coopération…
  • La dynamique neuve créée – stratégique et opérationnelle – est bénéfique pour les prochains temps (l’après) et à plus long terme pour toutes les parties prenantes. Dans un contexte où la permanence et la diversité des incertitudes n’auront pas disparu, où les équilibres instables à retrouver seront de nouveau défis économiques, sociaux et sociétaux…

 

 

Le temps d’après sera le changement que nous activons maintenant

Lors de la conférence en ligne du 30 avril dernier, Les RH hackent le télétravail, j’ai introduit mon propos en référence au philosophe Gaston Bachelard. Il définit en effet le temps, non pas comme une durée, mais comme un instant. Le temps d’avant, le temps d’après ne sont que des changements d’instant suite à une décision, une création, une innovation…

Appréhender le temps comme un instant enrichit nos connaissances et nos pratiques de la diversité de tous les instants vécus puisqu’il y a changement. Cela nous pousse à regarder ces changements différemment et à les mobiliser non pas de manière linéaire, non pas de cause à effet, mais de façon plus créative. Le temps actuel et les changements qui l’ont fait naître – en l’occurence un virus, un risque sanitaire et les décisions associées – nous conduisent de fait, notamment dans l’entreprise, mais aussi dans la société plus largement, à appréhender avec un regard « neuf » les parties prenantes, leurs relations, leurs interactions… à regarder différemment le temps du travail et le temps de vie pour passer à l’instant d’après. A pivoter.

« Pivoter, c’est reconsidérer les points d’appui en y intégrant les opportunités qu’apportent leurs évolutions »

 

Vous êtes dirigeant, DRH, manager ou collaborateur et vous souhaitez opérer ce pivot ou y contribuer à la lumière des besoins actuels de votre organisation, contactez-nous pour simplement échanger sur vos besoins, vos interrogations ou sur la meilleure façon de procéder. Dans cette période particulière à bien des égards, nous serions heureux de vous y aider.