Voici le dernier article de notre série : De quel management avez-vous besoin ?
Les théories sur le management ont plus d’exceptions que de règles en raison de la diversité des organisations et des personnes.
C’est pourquoi nous vous proposons d’appréhender le management comme un agencement de repères internes et externes évolutifs.
Nous avons abordé précédemment les repères des salariés, à partir desquels les entreprises pourrait orienter leurs pratiques de management, pour développer leur compétitivité sur leurs marchés et sur le marché du travail.
Quels sont les repères à partir desquels les entreprises peuvent faire évoluer leur management ?
3 repères pour adapter le management dans les entreprises
Les pratiques de management des entreprises sont bouleversées par la mondialisation, par les technologies et les évolutions sociologiques, parce que les marchés et le marché du travail sont bouleversés par ces mêmes facteurs.
Toute entreprise quelle que soit son histoire, son métier, sa situation économique, son corps social nous semble aujourd’hui considérer les 3 repères suivants pour adapter son management :
1- La gestion de la relation : la part des services et de la sous-traitance, la suppression d’intermédiaires, les plateformes sociales, etc. conduisent les entreprises à revoir la gestion de leurs relations avec les clients et fournisseurs. Les processus de travail se modifient. La personnalisation, l’adaptation et la réactivité appellent de nouvelles compétences, de nouvelles missions, de nouveaux rôles pour les salariés.
Responsabilisés individuellement dans la gestion de leur employabilité externe et dans leur travail, les salariés aspirent à plus d’autonomie, à être davantage informés sur les objectifs de l’entreprise pour mieux orienter leur travail et leurs compétences, à ne pas être seulement des exécutants, à développer leurs savoir-faire, à engranger des ressources pour la prochaine étape de leur parcours professionnel…
Dans l’intérêt de l’entreprise au regard de cette nouvelle gestion des relations et pour réengager les salariés dans l’entreprise après les avoir exhortés à s’émanciper, les pratiques de management doit nécessairement évoluer vers plus d’autonomie, de responsabilisation, plus d’apprentissages, plus de confiance.
Et tous ces besoins et attentes des salariés et des clients, qui pourraient être perçus comme très individuels, ont une forte dimension collective et collaborative. Le manager en est l’animateur et le coordinateur.
2- L’information, la connaissance, les données, la résolution de problèmes : les entreprises peuvent développer un avantage concurrentiel si elles disposent des bons capteurs d’informations, de connaissances, de données et si elles parviennent à les qualifier et à les utiliser pour élaborer des solutions aux problèmes qu’elles rencontrent.
Les outils pour effecteur cette veille ou pour traiter en masse ces données sont aujourd’hui disponibles.
L’avantage concurrentiel se crée lorsque les salariés de l’entreprise en disposent, les analysent, les interprètent, les projètent, les utilisent pour adapter ou créer un produit ou un service. Mieux encore, quand les salariés savent sur quoi porter leur attention ou captent eux-mêmes des tendances, des risques, des opportunités…
L’entreprise a besoin de mobiliser les savoirs des salariés et de leurs réseaux, de mettre à leur disposition toutes les informations et les connaissances captées, tous les outils pour faciliter les accès…
Les pratiques de management doivent favoriser cet accès aux informations, à la connaissance, stimuler l’élaboration des réponses et des solutions par les salariés, reconnaître ces contributions à forte valeur ajoutée. Tout ceci rejoint comme une évidence les besoins et aspirations des salariés : autonomie, apprentissage, sens.
3- La communauté : l’entreprise subit autant qu’elle a encouragé ou encourage encore, notamment par le management, l’individualisme qui caractérise notre société. Le mouvement communautaire initié avec Internet et les médias sociaux l’a également surprise.
Lieu privilégié de socialisation, comme la famille ou l’école, l’entreprise en a été exclue au départ.
L’entreprise a progressivement découvert que ses salariés, ses ex-salariés, ses clients, ses stagiaires s’expriment, échangent, se parlent à son sujet et sur tout autre chose, apprennent en dehors d’elle, utilisent de nouveaux supports d’expression et de communication, développent de nouvelles pratiques et de nouvelles compétences, etc. Le tout dans une ambiance teintée de spontanéité et de convivialité (surtout au début…). L’entreprise découvre aussi les notions d’influence et d’engagement à une autre échelle.
Chaque entreprise doit agencer ses 3 repères à sa manière en fonction de ses objectifs, de sa culture et de ses ressources, etc. Elle ne peut pas reproduire ce qui se passe sur les réseaux sociaux, car la finalité n’est pas la même.
En revanche, réinjecter dans l’entreprise les pratiques collaboratives et communautaires des médias sociaux en les adaptant, faire évoluer la culture de l’entreprise et le management en s’inspirant de l’état d’esprit du digital permettrait à l’entreprise de retrouver des leviers de motivation et de satisfaction auprès de ses salariés et donc des leviers de performance. Ce qui rejoint les aspirations des salariés en matière d’autonomie, de convivialité, de sens au travail.
On est loin d’un changement cosmétique des pratiques de management, porté par une communication bien léchée.C’est un changement en profondeur de l’organisation, des processus de travail et du management dont il s’agit.
- L’influence de l’expertise est plus forte que celle du statut.
- L’engagement est suscité par l’accès à l’information, par l’espace d’expression laissé et par l’implication dans le projet d’entreprise.
- Les communautés de travail sont formelles et informelles,
- L’écoute et l’échange sont réciproques, la confiance se construit sur ces bases…
Ces pratiques alimentent directement la performance économique, puisque les clients ont les mêmes aspirations et attentes que les salariés.
Quand les repères convergent …
Les caractéristiques et les attentes des salariés convergent vers les caractéristiques économiques et sociales de l’entreprise.
Et quand les repères convergent, la compréhension et l’appropriation des changements à conduire sont facilitées.
Les entreprises disposent aujourd’hui des repères et des clés de lectures pour adapter leurs pratiques de management.
Les entreprises doivent s’y mettre rapidement pour en retirer les avantages, car ces repères économiques et sociaux évoluent vite. Les data et la robotisation vont bouleverser très bientôt la donne et poser de nouveaux repères qui seront, selon nous, plus complexes à appréhender en termes de décision et d’actions.