J’ai ressenti le besoin de compléter les deux précédents articles qui pointaient la nécessité de davantage prendre en compte le sujet du travail dans le cadre des transformation en cours, notamment numérique.

Quand l’expérience collaborateur oublie le contenu du travail

Quand le digital transforme le travail, il transforme l’expérience collaborateur et bien plus 

 

Concentrées à intégrer les technologies et à déployer les stratégies marketing pour se transformer, les directions d’entreprise me semblent passer à coté de la redéfinition du projet humain de l’entreprise.

Un projet humain, lui aussi, de transition ! 

Or la transformation de l’entreprise, de son modèle économique, passe par une adaptation du travail des collaborateurs (et des autres parties prenantes, fournisseurs, prestataires, etc.).

Les collaborateurs doivent s’adapter tout en réalisant l’adaptation de l’entreprise. Ils doivent y contribuer sans pouvoir projeter les impacts à terme sur leur propre travail, leur emploi, leur parcours…

 

 Transformer le travail sans en connaître le but

« La transition du travail sait définir son chemin, mais elle échoue à raconter son but ».

Empruntée à la Fing et détournée au sujet de l’activité de travail, cette formule illustre bien les enjeux organisationnels et sociaux des entreprises. Elle explique aussi l’évolution de la relation des personnes au travail et à l’emploi, la distance mise avec l’entreprise.

Nous ne savons pas ce que seront les activités de travail. En attendant par attrait ou conviction sur les avantages qu’apportent les innovations, ou encore sous la pression, il faut travailler à transformer le travail pour transformer l’entreprise. C’est cela la transition.

Face aux multiples facteurs de transformation des entreprises, l’impossibilité de définir le but de la transition du travail n’est pas critiquable en temps d’incertitude. Elle appelle en revanche une attention rénovée de tous pour arpenter le chemin. Ce qui conditionnera aussi la destination finale.

 

4 conditions pour une mise en mouvement

Quelle que soit la stratégie globale d’adaptation de l’entreprise, et notamment ses choix sociaux, les actionnaires et dirigeants d’entreprises doivent réunir les 4 conditions suivantes :

– sortir d’une organisation tiraillée entre, d’une part, la gestion financière à court terme et la maitrise des risques et, d’autre part, le besoin de mobiliser tout le potentiel des salariés au travail pour avancer,

– transposer l’incertitude de la transition en challenge collectif, en aventure collective,

– clarifier les règles du périple pour tous dès le départ. Il peut aboutir à une impasse en matière de travail ou à la découverte de nouveaux horizons,

– rendre le vécu du voyage simple, respectueux, solidaire, enrichissant, épanouissant. Ce qui repose sur tous les acteurs, et en premier lieu sur ceux qui ouvrent la marche.

Ces 4 conditions relèvent tous de l’humain !

Vous avez retrouvé dans ces quelques lignes, j’en suis certaine, tous les sujets (des buzzwords aussi) dont on parle depuis des années maintenant : renouveau du management, conduite des changements, engagement, empowerment, expérience collaborateur, entreprise apprenante ou capacitante, agilité, etc. etc.

La transition du travail, l’itinéraire de la transformation, ne doit pas seulement servir les objectifs économiques et sociaux à court terme des entreprises. C’est un voyage qui les conduit, au-delà de leurs murs, à dessiner une grande partie de la société de demain.

Il est désormais urgent de concrétiser cette attention auprès des salariés. Faute de quoi, le groupe fera du surplace ou se dispersera. Certains rejoindront d’autres aventures toutes aussi incertaines, mais mieux soutenues.