CDI : quel avenir pour ce contrat qui est la référence de la relation d’emploi en France ? (cf. droit du travail : le contrat à durée indéterminée est « la forme normale et générale du contrat de travail entre un employeur et un salarié »).
Le CDI a notamment été créé pour fidéliser les ouvriers, qui changeaient d’employeur en fonction des salaires ou des conditions de travail proposées.
Les révolutions économiques et technologiques sont passées par là. Elles ont redéfini l’objet de la guerre : de la guerre des bras à la guerre des talents, définis comme des profils stratégiques et pénuriques.
Le CDI sera-t-il réservé au premier cercle des talents confirmés, laissant les autres formes d’emploi aux profils moins qualifiés, moins expérimentés et/ou plus répandus ?
Nous partageons notre vision de l’avenir du CDI à une époque où beaucoup prédisent la fin de sa position dominante, voire sa disparition.
CDI : son évolution par les chiffres
Le taux d’emploi en CDI
Selon l’INSEE, le taux d’emploi en CDI se situe à 86 ,5% en 2012.
Il était de 94% en 1982. Après une forte chute dans la décennie 90, le taux d’emploi en CDI est stable depuis le début de la décennie 2000.
A tous ceux qui annoncent la fin du CDI, on pourrait rétorquer qu’à ce rythme, il faudrait 250 ans pour réduire de 100% le nombre de CDI en France.
Le CDI pour les plus qualifiés et recherchés ?
Selon l’INSEE, de 5 à 10 ans après la fin des études, la proportion d’emplois salariés en CDI est en 2012 de 90 % pour les diplômés du supérieur. Travailler, un sport de haut niveau.
Selon une récente étude de l’APEC, la part des contrats en CDI des jeunes diplômés reste faible mais a augmenté de + 13 points en 2013 par rapport à 2009 :
- 59% des jeunes diplômés sont embauchés en CDI, alors que 48,4% des actifs de moins de 25 ans sont en CDI.
- la proportion d’embauches en CDI est de 80% dans l’informatique et 77% dans la fonction commerciale, donc pour des profils objets de la guerre des talents.
La part des CDD
En parallèle, l’INSEE relève qu’en 2012, 8 embauches sur 10 ont été réalisées en CDD.
Le taux d’emploi en CDD est de 9,6%.
CDI : notre analyse
Derrière ces chiffres et les évolutions annoncées des statuts d’emploi, il nous semble qu’il y a 4 réalités :
– le manque d’emplois qui réduit/ détruit les CDI et développe les emplois précaires.
Seulement 71% des actifs potentiels sont en emploi. Ce manque d’emploi affectant d’abord les plus jeunes : – 4,4% entre 2003 et 2011.
– le faible turnover des CDI en grande partie lié au manque d’emplois et à la prudence des salariés, au grand damne des recruteurs… Dans les entreprises privées, le taux d’embauche moyen par rapport à l’effectif est de 52%, le taux de sortie étant de 51%, les flux concernant très majoritairement des CDD.
– le manque d’emploi et la précarité favorisent le développement de nouvelles formes d’emploi, au départ davantage par contrainte que par choix. L’APEC relève cependant que moins de 6% des jeunes diplômés ont un projet actif de création d’entreprise.
– Dans le contexte d’emploi dégradé et d’une tertiarisation de l’économie, le digital soutient le développement de l’emploi indépendant (freelance, autoentrepreur, créateur, consultant, vacation, etc.).
La nécessité de travailler et les relations d’emploi nourrissent de nouvelles aspirations chez les salariés, aspirations qui impactent peu à peu et structurellement le marché du travail. En dépit de la précarité qui y est associée, de plus en plus de personnes aspirent à travailler en tant qu’indépendant, en réseau ou au sein de petites entités flexibles.
Le CDI est-t-il une arme suffisante pour attirer et retenir les meilleurs, aux vues des nouvelles aspirations des salariés, forgées au CDI surplombée de l’épée de Damoclès et renforcées par les technologies et usages sociaux ?
Le CDI est une arme probablement insuffisante, mais nécessaire qui répond à un besoin largement répandu chez les actifs et qui n’ose plus s’exprimer aujourd’hui publiquement : le besoin de sécurité.
Un besoin que tous pour des raisons variées ne sont pas à même de s’autogarantir.
A lire en complément le très bon article d’Hubet Guillaud sur Internet Actu : Qu’est-ce que l’économie du partage partage ? (4/4) : liberté ou insécurité ?
Merci Dominique pour l’intérêt porté à cet article. Vous ne partagez pas cependant votre point de vue sur la question.
Le taux de CDI chez les fonctionnaires est équivalent au taux de CDI global selon l’INSEE, ce qui nous ramène au problème bien connu des CDD (à répétition) dans la fonction publique. Les fonctionnaires sont inclus dans ces chiffres de l’INSEE comme les autres secteurs cités (agriculture, commerce…). Tous ces chiffres sont détaillés dans le document de l’INSEE.
Concernant la disparition, il est clair qu’elle n’est pas mécaniquement pour demain sauf une logique de rupture (cf. politique). Et de toute façon, c’est toute la société qu’il faudra réorganiser (sécurisation des parcours, logement, etc.). Enfin, je pense que la vraie question est celle de la garantie du travail, pour les revenus et/ou pour le travail ?? dans un contexte de rareté…
Au plaisir d’en discuter de vive voix
Votre article ne parle pas des fonctionnaires. Sont ils inclus dans les CDI? probablement, donc pour être plus objectif il faudrait les en sortir, la proportion des CDI dans le travail non fonctionnaire serait plus importante. En outre que fait on des artisans commerçants, auto entrepreneurs, agriculteurs, intérimaires, etc. ? il faudrait comparer les CDI vrais (employés salariés à plein temps dans des entreprises privées) à l’ensemble de ceux qui travaillent ou voudraient travailler (ce qui veut dire que déjà 10%, les chômeurs, ont été oubliés dans ces statistiques…).
En ce sens cet article est tout aussi déroutant (au sens de misleading) que ceux qui prétendent que le CDI va disparaitre.
A quant une vraie analyse de la vraie place des CDI dans la population active au travail?