Ces derniers mois, le débat a été animé sur la disparition ou non du CV lors d’un recrutement (vision recruteur) ou d’une recherche d’emploi (vision candidat) au profit d’un profil sur un réseau social.
Sur un marché du travail tendu et fortement concurrentiel, les personnes en recherche active d’un emploi ou d’une évolution professionnelle sont légitimement en recherche de leviers et de clés pour aboutir dans leurs objectifs.
Nouvel espace incontournable d’aujourd’hui et demain ou boutique éphémère selon les avis, les médias sociaux peuvent constituer un espace d’apprentissage pour tous, notamment sur le plan professionnel.
Pourquoi pas le réseau social professionnel ?
Les médias sociaux dont les réseaux sociaux professionnels sont présentés ici et là comme des points de contacts incontournables avec les recruteurs et comme des outils de visibilité et de valorisation accrue au service de ses carrières professionnelles.
Le réseau social professionnel favoriserait une mise en valeur de la personnalité, une communication élargie et plus qualitative sur ses compétences, ses réalisations, ses projets …, le développement de relations professionnelles utiles dans une ambiance plus conviviale, des interactions on line et off line facilitées, etc.
Le réseau social serait en somme plus humanisant, plus valorisant, plus efficace pour répondre aux enjeux du travail.
Au point de créer, me semble-t-il, une première confusion chez le candidat quelle que soit sa situation et son objectif : « Je n’aurai plus à envoyer mon CV, les recruteurs viendront à moi ».
Une évolution perçue par les candidats comme un soulagement par rapport aux démarches traditionnelles de candidatures et de sélection… au premier abord. Renseignements pris et réflexion faite, l’enthousiasme des candidats retombe quelque peu.
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Le réseau social professionnel, un espace pédagogique…
Le candidat réalise qu’il doit choisir un réseau, élaborer une présentation de son profil et de son parcours professionnel, constituer un premier réseau de relations, le développer, le structurer en fonction de ses objectifs et animer sa présence « social ».
- De nouveaux savoir et savoir-faire à intégrer.
- Des codes et des pratiques qui peuvent paraître plus complexes à maitriser que ceux d’un CV ou d’une lettre de motivation, en dépit des interrogations et doutes permanents de ces 2 vieux briscards de la recherche d’emploi…
- Un investissement en temps plus important que l’envoi d’un CV déjà disponible ou d’une lettre de motivation qui resterait à personnaliser.
- Des réseaux sociaux qui peuvent paraître élitistes ou sectaires, réservés à ceux qui maitrisent ou détiennent des aptitudes à maitriser les outils du web, la communication et la démarche réseau.
Aujourd’hui, ces changements peuvent sembler effectifs ou en marche pour seulement une minorité de personnes ou d’entreprises.
Une minorité qui néanmoins croit et se diversifie chaque jour, expérimente de nouveaux leviers professionnels avec des convictions, des croyances et des doutes, réalise des apprentissages individuels et collectifs, partage des idées ou des initiatives, des flops et des réussites… Un monde avec, certes, une diversité d’attentes, de motivations et d’intérêts … mais un monde en mouvement, un monde qui développe son agilité dans un environnement complexe.
Développer nos aptitudes à apprendre en permanence par l’information ou le partage d’expérience, à prendre des initiatives, à stimuler notre créativité ou encore à gérer des relations diversifiées dans des objectifs qui le sont tout autant … constituent incontestablement des atouts pour nos parcours professionnels et plus globalement pour notre vie personnelle et ce quels que soient nos métiers, nos formations, nos statuts, nos aspirations…
L’agilité a toujours été de mise. Espace de visibilité et d’échanges, le Web dont les médias sociaux, accessible à tous dans les faits, doit être également vu comme un espace pédagogique, disponible à tout moment, plus ouvert que les espaces et les lieux d’apprentissage classiques (école, centre de formation, tutorat, etc.).
Un espace pour stimuler et développer une indispensable agilité, dans un apprentissage à la fois individuel et communautaire, expérimental et éclairé, pédagogique et contributif, volontaire et entrainant….
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Le réseau social professionnel accessible à tous
Les ingrédients d’une présence réussie au sein d’un réseau social professionnel sont largement constitués d’aptitudes ou de pratiques déjà identifiées, enseignées, communiquées, recommandées dans la vie professionnelle off line.
Nous les connaissons et les maitrisons plus ou moins. Nous les activons déjà totalement, partiellement, consciemment ou spontanément dans nos vies professionnelles ou personnelles.
Quant à la connaissance et à la pratique des outils, une pincée de curiosité, une petite dose de lecture, quelques échanges avec d’autres personnes un peu ou beaucoup plus avancées et une utilisation régulière suffisent à lever les barrières, souvent plus psychologiques que réellement techniques.
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Les médias sociaux, un point de départ ?
Les évolutions du monde, des aspirations sociales/sociétales, des technologies alimentent d’autres évolutions et se réalimentent entre elles en logique de transition ou de rupture.
Le temps d’expérimentation et d’apprentissage pour une adoption généralisée, un rejet ou des usages adaptés ou détournés d’innovations favorise le plus souvent une logique de transition. Une sorte de filtre d’usages avec des apports ou des régressions…
Des voies nouvelles sont concrètement ouvertes depuis quelques années en matière de recrutement et plus largement dans les domaines professionnels : relations clients, formes de travail, relations entreprises-salariés, structure et gouvernance d’entreprises, etc.
Les pratiques et les valeurs qui y sont associées sont probablement plus innovantes que leurs finalités.
Les médias sociaux ne sont peut-être qu’une étape ou qu’une partie de l’iceberg des changements qui pointent notamment dans le monde du travail.
Ces évolutions relèvent majoritairement de la gestion de « la relation » dans toutes les dimensions, comme l’a justement identifié Benjamin Chaminade.
Dans une dynamique entrepreneuriale individuelle aujourd’hui indispensable quand on parle de formation ou de travail, chacun doit en continu s’informer, expérimenter, apprendre, développer son esprit critique…
Quels que soient sa formation, son parcours, son statut… et malgré les inconvénients qui sont aujourd’hui pointés, après une période intense de découverte et d’enthousiasme… les média sociaux constituent probablement un excellent apprentissage professionnel du monde de demain, que chacun peut influencer et façonner au sein d’un espace de coopération choisie.