Beaucoup se sont fait l’écho du nombre d’emplois que le « verdissement de l’économie » pourrait créer avec des titres accrocheurs : + 600 000 emplois, + 400 000, etc.
Quand on prend le temps de lire en détail le rapport du Comité d’Orientation pour l’Emploi, le COE, réalisé à la demande de Jean-Louis Borloo et communiqué le 25 janvier dernier, on redescend vite sur la planète France.
L’objet du rapport du Comité d’Orientation pour l’Emploi : définir les conditions nécessaires pour faire de la « croissance verte » une croissance riche en emplois de qualité, (et on le relit à la fin du rapport …)
Les conclusions en synthèse :
- A un horizon de 10 ans, très peu de nouveaux métiers émergeront de cette croissance verte.
- Ces nouveaux métiers seront des métiers hautement qualifiés, des métiers principalement liés aux nouvelles techniques et technologies utilisées et au conseil (ingénierie, diagnostic, …).
- Dans la majorité des secteurs impactés par le développement durable, il y aura au mieux un maintien des emplois avec un fort enjeu de formation pour adapter les savoir-faire à la dimension « environnementale » (formation des personnes exerçants déjà ces métiers ou formation des jeunes s’orientant vers ces métiers). Comme le marketing n’est jamais très loin, certains secteurs envisagent de redorer leur attractivité en utilisant « la carte verte » même si les compétences de base ne sont pas fondamentalement modifiées. Les formations « vertes » d’adaptation des compétences devront être mises en place massivement et rapidement, un véritable plan Marshall, nous dit-on.
- Par ailleurs, il est prévu que certains secteurs détruiront des emplois (les secteurs producteurs ou fortement utilisateurs d’énergies fossiles), d’où la nécessité d’accompagner les reconversions des sites et des salariés (ça nous rappelle quelque chose …)
Donc finalement, la croissance verte sera-t-elle une croissance riche en emplois qualifiés ?
Et là, on perd toutes ses illusions … tout y passe en termes de conditions à mettre en oeuvre : l’intervention de l’état, les partenaires sociaux, la formation, les entreprises, les ménages, les collectivités, …. des vérités qu’on ne penserait pas trouver dans un rapport de ce niveau, je ne résiste pas à vous en livrer une « : éviter d’envoyer des élèves dans les formations qualifiées de « vertes » qui n’ont pas de débouchés satisfaisants »
Les conditions nécessaires pour une croissance verte réussie qui sont évoquées dans le rapport sont tellement communes aux conditions nécessaires de la croissance sans couleur … !!! qu’on se dit …
2 choses personnellement :
- soit poussés par une nouvelle dynamique, nous nous bougeons à tous les niveaux et nous en profitons pour apporter les réponses innovantes et de fond aux freins structurels à notre développement (innovation, formation, création d’entreprises, …)
- soit nous restons dans nos pratiques du passé et nous aurons quelques masques à oxygène vert pour quelques points de croissance (verte ou non) et quelques emplois supplémentaires (qualifiés ou non).
Face au challenge innovant de l’environnement, il me semble que des rouages, des solutions, des mises en oeuvre, des dynamiques plus innovantes pourraient être apportées.
Et la couleur pour l’emploi, alors ? à priori ni vert, ni noir … peut-être un dégradé de vert de gris au mieux.