Le livre “La Team. Le jour où j’ai quitté mon comex pour une startup“ écrit par Bénédicte Tilloy (éditions Dunod) ne pouvait que retenir mon intérêt en lien avec mes propres expériences en startups. Le livre de Bénédicte aussi agréable à lire que riche de réflexions sur les entreprises, les modèles d’affaires, les cultures d’entreprises, le management.

D’une startup à l’autre, quels sont les éléments communs de nos expériences respectives dans une startup ? Les différences aussi.

La Team de Bénédicte Tilloy

L’ouvrage de Bénédicte Tilloy est passionnant à bien des égards.

Par le parti pris de partager le quotidien de son expérience dans une startup. Du premier jour au dernier, tout aussi instructifs.

Par l’humour qui ponctue le récit, bienveillant mais aussi sincère au regard de ce qui lui plait, la surprend ou l’agace…

Par les illustrations réalisées par Bénédicte elle-même après chaque partie du livre. Elles nous plongent davantage dans l’univers décrit.

Mais aussi par le subtil va et vient que Bénédicte réalise entre le monde de la grande entreprise et celui de la startup.

“Sans règle et principes pour protéger les plus vulnérables, l’engagement peut devenir un asservissement“

“L’envie de croissance peut faire perdre le sens et inverser la fin et les moyens“

“Chaque fois qu’on cherche à la singer (la culture des startups), on crée des résistances chez ceux qu’elle inquiète sans obtenir chez les autres les avantages qu’elle autorise.“  

Jusque dans la dernière phrase du livre où le Z de son succulent alphabet amoureux de la Team lui permet un dernier clin d’œil à deux expériences professionnelles et aux transformations multiples.

 

D’une startup à l’autre : la simplicité relationnelle

C’est évident mais il est utile de le rappeler dans ces temps de raccourcis médiatiques : chaque entreprise est singulière, toute entreprise innove, toute création d’entreprise n’est pas la création d’une startup.

Le premier point commun que nous partageons avec Bénédicte Tilloy, c’est notre parcours professionnel dans le domaine du management des ressources humaines. Même si Bénédicte précise bien que ce n’était pas sa mission au sein de “sa Team“.

Si nos expériences de DRH et autres sont évidemment différentes, les points d’observation sont néanmoins très proches : les personnes, leurs compétences et leurs comportements, les collaborations, les valeurs formelles et informelles, l’organisation et son efficacité, les espaces de travail, la création de valeur par le tout…

Dans son livre, Bénédicte à des mots très justes au sujet de la bienveillance.

“Soyons francs, ce mot est devenu poisseux… Mais pas tant la Team qui la cultive vraiment“.

“Le mot fait rire comme ailleurs, mais pas l’intention.“

Pour ma part, j’ai travaillé dans et avec un grand nombre d’entreprises PME et ETI surtout mais aussi de grandes entreprises. Jamais auparavant y compris dans des PME, je n’avais autant vu d’attention portée à l’autre, une attention que je qualifierai de naturelle, spontanée, sincère.

Comment l’expliquer ? J’y ai beaucoup réfléchi pendant mon expérience de 4 années et encore aujourd’hui dans mon activité de conseil.

 

  • La jeunesse des collaborateurs (H/F) des startups que je connais.  

Pas encore façonnés par les conventions de la vie professionnelle et des entreprises, la majorité des collaborateurs mobilisent encore les codes de la famille et de la camaraderie, si ce n’est de l’amitié.

Et ses codes sont contagieux. Les collaborateurs qui ont eu auparavant des expériences professionnelles trouvent ou retrouvent avec joie cette attention portée aux autres, et à eux-mêmes. Si l’expérience collaborateur est un ensemble de perceptions, le plaisir de trouver ou de retrouver des relations simples s’expriment spontanément.

Car au-delà de la bienveillance, c’est surtout une sincère simplicité relationnelle. Elle est le socle du vrai bien-être au travail et dans le travail…

Dans ma “Team“ à moi, ayant travaillé comme Bénédicte sur les éléments de la culture de l’entreprise, je avais érigé cette simplicité relationnelle au rang de “trésor, de bijou“ à ne pas perdre ou abîmer, quelles que soient les circonstances.

Du client pour lequel il fallait rendre simple le digital au collaborateur en passant par les candidats, nous avons cultivé la simplicité, pas toujours simple en situation d’hypercroissance où tout se complexifie naturellement… Ce qui montre aussi que la simplicité ne s’oppose pas au professionnalisme.

 

  • La culture des dirigeants que j’ai côtoyés.

Fortement portée par les deux co-fondateurs, et exprimée par chacun très différemment en relation avec leur propre culture métier et de leur éducation respective, la valeur de simplicité est très souvent rappelée par eux, une boussole. Cette déclinaison différente mais convergente de la simplicité par les deux dirigeants permettait au final à tout collaborateur d’orienter sa propre simplicité. Un bel exemple de diversité et d’inclusion.

A noter que, si je retrouve cette simplicité relationnelle dans les startups que je connais ou conseille aujourd’hui, elle n’est pas toujours autant source d’efficacité ET de plaisir au travail. D’autres éléments culturels dominent davantage. Ils concourent sans aucun doute à leur réussite. Ils alimentent parfois un peu moins le plaisir au travail…

 

  • Le numérique.

Je constate une réelle différence entre des startups qui se sont fondamentalement créées autour d’un produit numérique et les autres. La présence de profils de développement et leurs pratiques de travail influencent fortement les pratiques des autres métiers. Le mot “simplixité“ que j’avais découvert dans un article en anglais (simplixity) illustre bien l’enjeu de rendre simple ce qui est complexe. Et ça devient vite un réflexe pour toutes et tous.

Par ailleurs, la nature du travail à réaliser – le travail sur écran, le traitement des données mais aussi les règles de l’openspace – me semble exacerber chez les collaborateurs, y compris chez les développeurs les plus taiseux, le besoin de relations humaines. Relations humaines versus relations codées, le langage parler versus l’écrit, en dépit des joyeux émojis et autres gifs qui rythment les échanges en interne…

Un autre besoin des collaborateurs me semble aussi s’exprimer dans cette recherche d’une relation attentive à l’autre. Le besoin de trouver du sens au travail, au-delà de l’emploi, par le sentiment d’appartenir à une équipe et par le sentiment de contribuer à un produit ou un service que tous ensemble, par addition, contribuent à matérialiser. Taylor n’est pas très loin dans certaines entreprises du numérique (Vous voulez travailler dans le digital, savez-vous pourquoi ?).

 

Rebondissant sur la réflexion de Bénédicte Tilloy “J’ai retrouvé de la légèreté dans une vie professionnelle qui avait été jusqu’à présent plus grave“, je dirais que la simplicité relationnelle et l’attention, c’est professionnellement rafraichissant.

Je pense ici tout particulièrement aux personnes expérimentées que nous avons recrutées dans “ma Team“, pas tous des seniors, loin de là… Elles ont toutes exprimées la nouvelle énergie que cette simplicité relationnelle leur apportait, en dépit des enjeux qui restaient comme ailleurs bien présents et forts.

Prochain article : D’une startup à l’autre #Partie 2