Le Monde publiait hier un article sur le BonCoin.fr et sa percée en tant que site d’offres d’emploi et de recrutement sur internet, supplantant les sites leaders à forte notoriété, en dehors de Pôle Emploi (cas particulier compte tenu des obligations des inscrits).
Du BonCoin.fr aux réseaux sociaux, que faut-il en déduire ? N’hésitez pas à partager vos avis et analyses.
Recrutement sur internet : les recruteurs vont où les candidats potentiels se trouvent
Nous assistons au même courant sur les réseaux sociaux avec la publication d’annonces d’offres d’emploi et les pages Emploi et Carrières d’entreprises sur des plateformes sociales.
Sur le BonCoin.fr, c’est la dimension géographique qui joue, marché local du travail et de la main d’oeuvre avec un objectif : la réactivité d’une demande localisée face une offre localisée.
Sur les réseaux sociaux, les objectifs relèvent de l’attraction et d’une qualification accrue dans un environnement large et sans frontière.
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Syndrome Smartphone et repositionnement du travail ?
Sur le BonCoin, les individus viennent vendre ou acheter des produits ou des services. Les plateformes sociales étaient initialement prévues pour des usages individuels, privés ou professionnels (faire du réseau).
Un point commun entre le BonCoin.fr et Facebook, voire les plus professionnalisés comme LinkedIn ou Viadeo : les individus y sont pour d’autres activités : regarder, veiller, acheter, parler, jouer…
Le syndrome Smartphone : trouver tout ce dont on a besoin à un seul endroit, et la mobilité en plus.
L’intégration des activités de recrutement ou de recherche d’emploi au sein d’autres produits et services est-elle révélatrice d’un repositionnement du travail et surtout de la logique de carrière : non plus une carrière mais une succession d’activités professionnelles, du « consomemploi » pour vivre ?
La position « consommateur » est intéressante à observer et à distinguer de la posture de communication et de visibilité individuelle cf. e-réputation. Comment les deux cohabiteront ou se réuniront demain ?
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Révélateur d’un marché du travail qui dysfonctionne
Selon mon analyse, si l’on met en perspective l’évolution du recrutement et celle du chômage, ces démarches de recrutement tous azimuts et souvent en logique d’expérimentation (idem sur le BonCoin.fr et les réseaux sociaux) sont bien révélateurs d’un marché du travail où l’offre et la demande sont en fort décalage.
Les entreprises ont du mal à recruter. Les salariés ont du mal à trouver un emploi. Ils se cherchent, se trouvent mais ne concluent pas.
Il n’y a peut-être rien à déduire de tout ça, simplement des pratiques ponctuelles liées à la conjoncture de l’emploi particulièrement critique, une conjoncture qui dure néanmoins et qui commence à structurer de nouveaux comportements et pratiques…
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Face au décalage : une segmentation accrue et des pratiques multicanales
Même s’il y a des exceptions mentionnées dans l’article du monde concernant les profils recherchés sur le BonCoin.fr, l’analyse des annonces tant des recruteurs que des candidats questionne l’évolution des processus de recrutement et de recherche d’emploi avec pour les entreprises une segmentation plus nette de leurs besoins et de leur stratégie de recrutement sur deux axes : un niveau de qualification dont les degrés sont à revoir compte tenu de la qualification croissante de la main d’oeuvre, un niveau de rareté à recouper avec la dimension stratégique ou pas.
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Pour les candidats, ces éléments sont à suivre afin de mieux identifier eux aussi leur positionnement sur le marché du travail (les cadres intermédiaires à la qualification non rare ou non stratégique ont et auront des enjeux de différenciation plus forts comme peuvent les connaître les employés et les techniciens non rare et non stratégique… ) et les meilleurs canaux de recrutement, de manière ponctuelle ou durable.
Etre en veille, s’informer, échanger est devenu essentiel pour parvenir à se mouvoir dans les courants perturbés de l’emploi.
A lire aussi :
Merci d’avoir partagé cette réflexion sur les attentes réciproques des salariés et des employeurs et de nous faire découvrir cet ouvrage.
Concernant les canaux de recrutement, nous trouvons assez logique que des marchés locaux utilisent des supports de proximité et LeBonCoin.fr en est un comme l’étaient les journaux de petites annonces auparavant.
En revanche, ce qui nous interpelle le plus et qui rejoint votre analyse c’est la détérioration profonde des ambiances de travail et de collaboration dans les entreprises, des motivations à rejoindre une organisation… Les entreprises doivent se ressaisir en matière de management rapidement sous peine de constater la dégradation de leur productivité et de la qualité produite. Redéfinir en parfaite cohérence avec les objectifs de développement économique, ce qu’elles veulent être en tant que collectif humain à travers un Projet Humain d’Entreprise et le faire vivre quotidiennement dans les relations de travail, dans l’exécution du travail lui-même, l’organisation, etc. etc. permettrait de restaurer du sens et de la proximité, sources de confiance et donc d’engagement. C’est un travail sur le fond et de fond, à conduire dans la durée pour restaurer l’attractivité des entreprises en logique interne et externe (cf. recrutement).
Merci à vous 🙂
J’avoue, j’était passé à coté de cet article lors de sa parution (honte à moi) Je partage l’avis sur la révélation d’un marché du travail qui dysfonctionne. Peut être aussi que l’une des raisons de ces dysfonctionnements réside (au delà des problématiques de qualification, compétences..) dans le décalage entre les attentes des collaborateurs vis à vis du travail et les attentes des entreprises vis à vis du travail également. Notre perception du travail, des enjeux, des attentes est différente que l’on soit d’un coté ou de l’autre de la barrière (du poste d’entrée ou d’accueil). Alors que l’entreprise ne parle plus que de performance (supposée ou réelle) quelles sont les attentes des collaborateurs, comment replacer dans la volonté d’entreprendre le projet humain ? Peut être en revenant à certains fondamentaux. A lire dans ce cadre le dernier ouvrage de Patrick STORHAYE sur le plaisir d’entreprendre, a 100.000 lieu des dérives des caricatures d’entreprise que nous donnent certains zelotes du capitalisme financier.