Dans notre définition, être réaliste n’est pas un état. C’est une ressource qui oriente les actions.
Dans la vie professionnelle, être réaliste, c’est accepter l’incertitude du travail pour mieux l’intégrer dans sa stratégie de carrière.
Et quelles sont les composantes d’une stratégie de carrière dans un environnement incertain, nous direz-vous ?
Elles ne sont pas standards car chaque personne a ses propres besoins et aspirations vis à vis de son travail et de sa carrière. Chacune focalisera son attention et ses efforts sur les composantes qui répondront le mieux à ses objectifs.
D’où la nécessité pour tous de définir ses besoins et ses aspirations par rapport à ses activités et à sa vie professionnelle en intégrant néanmoins une réalité, l’incertitude, à voir comme un obstacle à anticiper pour mieux le surmonter ou comme une opportunité à saisir et à ne pas rater !
Cette démarche de définition des besoins et des aspirations est une partie de l’anticipation à mettre en oeuvre. L’autre partie de cette anticipation consiste à se projeter par étape et à engranger des ressources à chacune d’entre elles, au service de ses besoins et de ses aspirations à plus long terme.
Comme l’explique Seth Godin dans son livre « The Dip » , le creux de la vague, il y a dans toute activité y compris dans les loisirs toujours un moment où ça devient plus difficile, une étape, où les résultats obtenus ne sont plus à la hauteur des efforts déployés. Et je rajouterai où les objectifs visés ne s’avèrent plus passer par les activités menées. Et c’est dans ce creux de la vague que l’on décider de quitter (to quit) ou de s’accrocher (to stick). La bonne décision de quitter ou de s’accrocher dépend selon Godin d’abord de notre capacité à évaluer si ce creux de vague est un cul-de-sac qu’il est préférable de quitter ou si les efforts à réaliser et les résultats supposés constituent un réel bénéfice.
Pour apprendre à rebondir dans l’incertitude, il est utile d’appréhender chaque activité professionnelle comme une étape en gardant le cap de nos besoins et de nos aspirations à plus long terme.
Une étape durant laquelle nous allons engranger des ressources : des expériences, des compétences, des connaissances, des réalisations, des relations…. Ce qui ne veut pas dire une attitude de « consommateur », l’engrangement sous-tend néanmoins l’engagement et la performance. Une étape que l’on anticipe de quitter un jour si elle se transforme en voie sans issue ou ne correspond plus à ses besoins et à ses attentes.
Etre réaliste, c’est un des leviers de l’employabilité. Etre réaliste sur soi-même et sur ses environnements permet de mieux anticiper et mieux rebondir.
La difficulté majeure de la gestion de l’employabilité réside dans le fait qu’elle s’inscrit dans un espace individuel et collectif et une temporalité qui mixte le passé, le présent et le futur. Ce qui nécessite pour chacun d’entre nous un effort continu d’évaluation objective et de veille.
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Bonjour Lynda,
Vous avez raison, les crises successives et les vécus ont effectivement et progressivement conduit les candidats et les salariés à réaliser l’incertitude. L’accepter, pas sur et ceci se comprend au regard des nombreux enjeux que porte le travail.
Notre propos ici était davantage centré sur l’utilisation de cette incertitude dans les choix, les décisions, la stratégie d’emploi et de parcours professionnel (engranger des ressources, vision des étapes…).
Vous avez également raison d’insister sur le fait que cette attitude entrepreneuriale demandée aux candidats et aux salariés ne se traduit pas réciproquement (encore) dans les pratiques de management et de recrutement de beaucoup d’entreprises. Même si des évolutions pointent sous l’effet de différents mouvements, l’appréhension des candidats et des salariés comme des ressources et non comme des collaborateurs-contributeurs est encore largement présente sous la pression de la performance économique.
L’évolution vers un management plus humaniste très largement motivé par la complexité économique qui repositionne les hommes et les femmes au coeur de la performance des organisations mais aussi dans une certaine mesure les usages sociaux (réputation, conversations des parties prenantes clients-candidats-salariés…) et les autres mouvements de la société vont contribuer progressivement à faire évoluer les pratiques. Si le marché de l’emploi pouvait se rééquilibrer, ceci y contribuerait également…
Merci d’avoir partagé votre expérience et vos constats. Bonne journée !
Je pense sincèrement que de gré ou de force, les candidats ont accepté l’incertitude et sont réalistes. L’ennui c’est qu’ils le sont bien plus que les employeurs et recruteurs (ces derniers ne faisant que suivre les instructions de leurs clients pour ne pas les perdre). Ils veulent quelqu’un d’opérationnel tout de suite, à moindre coût, et ne conçoivent pas la relation de travail comme une relation humaine d’échanges non seulement économiques mais aussi sociaux. Ils ne cherchent pas le potentiel des candidats mais veulent un résultat immédiat. Ils sont en ce sens de purs consommateurs dans le sens péjoratif du terme et n’envisagent pas le recrutement comme un investissement humain.
L’empathie est une qualité indispensable dans toute profession mais qui paradoxalement manque cruellement à bon nombre de recruteurs.
Mon commentaire peut paraître désabusé et amer mais si certains des recruteurs que j’ai pu rencontrer se retrouvaient un jour à la place des candidats, ils seraient bien obligés de se remettre en question.