Les médias sociaux juxtaposent des valeurs et des comportements qui peuvent paraître opposés, voire contradictoires.

– La spontanéité côtoie les stratégies de présence les plus sophistiquées (même si beaucoup sont expérimentales…).

– L’expression individuelle cohabite avec des communautés,

– L’influence individuelle avec l’influence collective…

La sphère professionnelle et la sphère privée s’y frottent et parfois s’y piquent

Les activités à caractère professionnel/business de plus en plus présentes (gestion de carrière, marketing clients, recrutement…) interpellent sur la nature des relations et de la présence en ligne. Même le marketing y perd parfois son Kotler*.

  • Le personnel branding des personnes (ou plutôt le professionnel branding),
  • le management de la réputation des entreprises
  • et toutes les démarches et théories qui émergent pour accompagner notre vie numérique et sociale,

ne constituent-ils pas au final un filtre social aseptisant, enlevant aux relations, aux interactions ou encore aux données recueillies toute valeur pour les fins poursuivies ?

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Un filtre social aseptisant  

Animer des relations en mode public. Converser en mode écrit, parfois synchrone. Développer des interactions avec des interlocuteurs inconnus qui partagent à priori un intérêt commun restant à valider… Sortir des repères habituels d’une image maitrisée pour les entreprises… Dans le vaste environnement d’Internet qui mémorise tout… Tout ceci engage les personnes, les entreprises et leurs représentants en ligne à penser les prises de paroles et plus largement la gestion de la relation.

Une stratégie de présence « professionnellement correcte » qui peut sur le fond comme sur la forme ne pas être en cohérence avec ce qu’ils sont, font par ailleurs et les objectifs de leur présence en ligne. Vrai pour les individus et les entreprises.

Lorsque la présence sociale se connecte à la réalité à l’occasion d’un entretien de recrutement, de l’usage d’un produit/service de l’entreprise… si la correction a été trop forte ou le filtre trop rose, l’image se brouille, devient floue… Le risque que les connexions s’estompent ou se cassent brutalement est réel, ou encore pire d’un retour de bâton public (bad buzz).

Vu sous cet angle, construire et animer une présence sur les médias sociaux dans une visée professionnelle peut être perçue comme complexe, risquée.

Une nouvelle forme de socialisation sous conditions…

On peut aussi l’appréhender, en tant qu’individu ou entreprise, comme l’apprentissage d’une nouvelle forme de socialisation.

Elle serait portée par une aspiration à un changement de valeurs qui se diffuse dans notre société.

Une aspiration à un rééquilibrage entre individualisme et sens collectif, entre matérialisme et épanouissement personnel.

Loin d’être un filtre social aseptisant, les modalités relationnelles des médias sociaux seraient alors vues comme un socle de bonnes pratiques sociales basées sur l’attention, la prise en compte, le respect, l’authenticité…. une opportunité d’améliorer la nature et les modalités du « vivre ensemble », de s’éduquer socialement y compris dans la sphère professionnelle.

Deux conditions majeures nous semblent devoir être remplies :

  • la transparence des intentions,
  • la cohérence des attitudes.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Les médias sociaux constituent-ils pour vous : 

– un espace social artificiel où chacun vient faire son marché ?

– Ou une nouvelle forme de socialisation qui peut influencer les valeurs d’autres espaces de socialisation comme l’école, la famille, l’entreprise… ?

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A lire sur le sujet :

L’excellent article de Sylvaine Pascual : Relation à soi/Relation aux autres, le cocktail indispensable

L’entreprise est-elle suffisamment sociale pour intégrer les médias sociaux ?

Recrutement et réseaux sociaux : de la promesse marketing à la réalité du management des ressources humaines #srconf

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