En fin d’année, nous avions un échange sur les risques psycho-sociaux avec le Dr Emmanuel Gourmet, également formateur en entreprise et à la faculté de médecine. Nous partagions nos observations, et notre conversation a porté quelques instants sur l’utilisation du mot boîte pour désigner l’entreprise : travailler dans une boîte, changer de boîte, monter sa boîte, etc.

Simple héritage argotique de l’ère industrielle ? Ou expression révélatrice de la relation au travail ou de la relation entreprises-salariés ? Asservissement ? Appartenance ? Voilà quelques unes des questions que je me posais les jours suivants et que je partageais en 140 caractères sur Twitter notamment avec Laurent Brouat, Liliane Gonzales et Sylvaine Pascual.

La motivation et l'engagement des salariés en entreprise

En argot, la boîte semble au 19ième siècle désigner l’atelier de l’ouvrier, le magasin de l’employé .. dans lequel ils avaient peut-être l’impression de s’enfermer pour y travailler plus de 35 heures ! ou encore pour lequel ils développaient un attachement, motivé par les différentes composantes de la pyramide de Maslow.

Quant aux dictionnaires de la langue française, ils définissent la boîte comme un objet rigide et creux avec un couvercle … toute ressemblance avec une entreprise existante n’étant ici qu’une pure coïncidence …

Trêve de plaisanterie.

Différentes études et enquêtes démontrent que l’attachement des salariés envers leur entreprise décroit, notamment en raison du désengagement de ces dernières en matière d’emploi et de leurs pratiques de management. En parallèle, la souffrance au travail et les maladies professionnelles liées au stress augmentent. L’entreprise serait-elle devenue une boîte de Pandore ? par laquelle tous les maux arrivent …

Les jeunes générations influencées par les usages des nouvelles technologies et les désillusions de leurs aînés envers l’entreprise se détacherait de cette communauté et de ses corollaires. La jeune génération refuserait-elle de se faire mettre en boîte ?

D’un autre côté, la réalité quotidienne nous rappelle que les individus et les entreprises sont des agents économiques interdépendants. Et les sciences humaines et sociales que l’individu cherche à se nourrir et à se protéger, mais aussi qu’il a besoin d’appartenir à un groupe pour échanger, s’identifier, se valoriser voir s’accomplir pleinement. Mais aussi que la performance économique d’une entreprise est directement corrélée à l’engagement, à la motivation et aux compétences de « son » personnel. Ne serait-il pas souhaitable que l’entreprise soit à la fois une boîte à bijoux, une boîte de conserves, une boite de dialogue, une boîte à idées ?

Et si on participait tous à créer de nouvelles boîtes dans une matière souple, à mémoire de forme, remplie de compétences et sans couvercle ?

Peut-être que tout se joue dans la conception !

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PS : Je découvre à l’instant l’article de Bertrand Duperrin du 6 janvier 2011 « L’entreprise entre sentiment d’appartenance et besoin de posséder » que je vous invite à lire.