Notre parcours professionnel se décline maintenant pour la majorité d’entre nous au PLURIEL. A croire que c’était prévu de longue date car le mot parcours prend déjà un « s » !
Nous n’avons plus UNE carrière mais DES carrières, une succession d’employeurs, d’expériences, de contrats ou encore de statuts (CDD, intérim, CDI, portage, demandeur d’emploi, BNC ou EURL, temps partiel, temps complet, auto-entrepreneur, etc.).
Un petit nombre de personnes le fera par choix, une majorité par contrainte (licenciement, conditions d’emploi proposées par les entreprises, bonnes et mauvaises opportunités de se mettre à son compte)
Je ne reviendrai pas ici sur les causes de cet état de fait souvent énumérées : mondialisation, compétitivité, flexibilité, nouvelles formes d’entreprises, etc.
Certes, parce que nous sommes en France, des dispositifs collectifs existent pour protéger les salariés ou amortir les effets de ces évolutions parfois brutales, parfois prévisibles. Le droit du travail et donc les politiques ont progressivement dit aux entreprises « vous n’assurez plus l’emploi, mais assurez au moins le développement de l’employabilité » (belle expression !). D’où l’avalanche de lois et dispositifs depuis plus de 10 ans orientés sur la gestion des compétences tout au long de la vie, le DIF, les accords de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, des réformes successives de la formation professionnelle continue, le plan senior, etc. D’où aussi, les nouveaux discours tenus aux salariés sur « soyez entrepreneurs de votre carrière ».
Quoiqu’il en soit, le marché de l’emploi est structurellement tendu à long terme dans nos économies. La réflexion que je souhaite partager avec vous à partir de vos expériences, est davantage tournée vers ce que cette nouvelle donne implique pour les salariés. Que peut-on faire pour gérer au mieux les incertitudes, rebondir à chaque nouvelle situation ou à chaque aléa d’emploi ?
Tout d’abord, à mon sens, apprendre à piloter son parcours professionnel comme on apprend d’autres matières durant sa formation ou sa vie professionnelle : développer, entretenir et adapter cette compétence.
Se former à quoi ? à être plus agile dans le monde du travail, ce qui comporte à la fois des techniques et des comportements : se connaître professionnellement, argumenter, communiquer, négocier, suivre à la fois des voies tracées et savoir en sortir, saisir des opportunités, faire des choix, prendre des risques, connaître les environnements, s’adapter, développer des valeurs et savoir en changer, ….
Détenir individuellement cette compétence à s’orienter et à rebondir ne résoudra pas la problématique collective du manque de travail mais elle permettra à chaque salarié de mieux gérer la succession et la variété de situations professionnelles qu’il est susceptible de rencontrer par contrainte ou par opportunité.