Tout papier officiel, diplôme ou certification, attestant d’une formation, est un repère fort dans notre société, pour les personnes et les entreprises.
Cependant si détenir ce papier officiel est vu comme une condition d’accès à l’emploi, le niveau d’éducation croissant de la population, les tensions du marché du travail, ou la plus grande complexité des organisations ont rendu cette condition peut-être nécessaire mais aussi insuffisante.
La valeur d’un diplôme ou d’une certification peut paraître aujourd’hui remise en question au profit d’autres repères. Quelle est la valeur d’un diplôme ou d’une certification ? Comment s’apprécie-t-elle ?
La valeur du diplôme : l’Emploi et le Salaire
La valeur : « ce que vaut un objet susceptible d’être échangé, vendu, et, en particulier, son prix en argent » (dictionnaire).
Un diplôme ou une certification de qualification professionnelle inscrite au RNCP est une reconnaissance officielle d’un parcours de formation, matérialisée par un document. Ils certifient l’acquisition de savoirs et de compétences dans une spécialité professionnelle. Ils traduisent un potentiel de compétences et d’aptitudes à travers le parcours de formation réalisé.
La valeur d’un diplôme ou d’une certification pourrait alors s’entendre de l’emploi, et donc du statut et du salaire que le marché du travail, donc les entreprises et autres organisations, reconnaissent à leurs détenteurs.
Le papier officiel constitue un repère réciproque pour les jeunes diplômés et pour les entreprises qui les recrutent.
Cependant comme évoqué dans notre article « Quelle différence entre un diplôme et une certification ? », la multiplication des diplômes et des certifications a renforcé la dimension commerciale et concurrentielle. Un marché mondial de l’Education et de la Formation, publique et privé, a été créé.
La logique de Marque est aujourd’hui aussi présente dans les organismes formations qu’en entreprises.
La valeur d’un diplôme/ d’une certification n’est pas seulement liée au contenu de la formation, aux compétences et savoirs acquis, mais aussi à la réputation de l’organisme qui le délivre.
En parallèle, ces organismes deviennent des groupes d’Education et de Formation mêlant diplômes homologués par l’Etat, certifications reconnues par le RNCP, certifications d’établissement… Les certifications d’établissements n’ont pour valeur d’usage que la réputation de l’organisme qui le délivre. D’où les classements d’établissement, les salons dédiés aux formations, etc.
La valeur productive de la personne
Après quelques années de travail, l’expérience professionnelle vient forger des compétences et des savoirs, différents de ceux acquis durant la formation initiale.
La valeur d’usage du diplôme (ou de la certification) s’estompe progressivement au bénéfice de la valeur productive de chaque individu à l’échelle de l’entreprise qui l’emploie, et à l’échelle du marché du travail. En fonction de sa réputation, l’employeur apporte une valeur au salarié sur le marché du travail.
Le salaire s’évalue individuellement, selon un référentiel interne à l’entreprise, formel ou informel (cf. Convention Collective).
Le management des jeunes talents ou des hauts potentiels illustre cette évolution de la valeur « diplôme » à la valeur « productive » dans l’entreprise et sur le marché de l’emploi. Recrutés par rapport au diplôme. Soutenus dans leurs évolutions selon leurs contributions. D’où quelques mauvaises surprises…
NB : Dans certaines organisations, le diplôme reste néanmoins un sésame en matière de promotion interne. Qui ne connait pas d’entreprises où les cadres dirigeants sont nécessairement diplômés des meilleures universités, écoles d’ingénieurs ou de commerce. Ce qui pousse d’ailleurs les cadres à aller chercher un nouveau diplôme reconnu par l’entreprise dans le cadre d’une formation continue (cf. le marché des MBA et autres formations professionnelles continues diplômantes).
La valeur Employabilité
Les environnements des entreprises (changements continus, innovation, etc.) et l’évolution du marché du travail (chômage structurel, précarité, etc.) ont fait évoluer les conditions d’emploi.
Le développement des compétences et de la formation tout au long de la vie ont été identifiées comme les nouvelles conditions de l’employabilité et de la mobilité professionnelle. La mise en place de certifications multiples accessibles par la formation ou la VAE répond à cet enjeu. Comme il répond à la nécessaire adaptation des formations aux besoins économiques.
Cependant le rétrécissement actuel du marché de l’emploi vient chahuter ces options. De nombreuses personnes qualifiées ne trouvent pas d’emploi, et les entreprises ont des difficultés à recruter.
La valeur Réseau ?
En complément de la formation et du diplôme (ou certification), de nombreux établissements de formation valorisent le réseau de diplômés auquel ils donnent accès.
Valeur reprise aujourd’hui par les réseaux sociaux avec une démultiplication des relations potentielles… Un réseau via le diplôme ou les réseaux sociaux qu’il faut construire, consolider et animer.
Le réseau issu de l’appartenance à une communauté de « diplôme » peut contribuer à la valeur individuel de ses diplômés, au sens de l’Employabilité. Chaque membre du réseau de « diplôme » contribue aussi par ses réalisations professionnelles et ses compétences à la valeur du réseau. Cette communauté de « diplôme » peut aussi ouvrir les portes d’une communauté professionnelle élargie, plus ou moins diversifiée.
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La valeur du « diplôme » est ancrée dans notre culture et nos pratiques de recrutement ou de réseautage.
Le diplôme d’Etat sera-t-il revalorisé par rapport au marché hétérogène et mouvant des certifications ?
La valeur productive des individus, éventuellement soutenue par les formations suivies tout au long de la vie, prendront-elle le pas sur le diplôme initial ?
Le réseau relationnel conditionnera-t-il l’emploi, et l’employabilité individuelle ? Dans un monde aussi ouvert, les compétences se forgent aussi dans la vie sociale. Aura-t-on besoin d’un diplôme ou d’une certification pour les faire reconnaître ? 😉 Comment seront appréciées les softskills que beaucoup projettent comme les compétences du futur ?
Bonjour, je tiens à apporter ma contribution sur mon analyse et expérience professionnel en ce qui concerne ces certifications.
Tout d’abords voici une brève description de mon parcours afin que vous puissiez avoir plus de matière à juxtaposer mes compétences et ce que je vais décrire ici (en réponse notamment à Rose).
J’ai eu un parcourt très atypique étude/professionnel, détenteur d’un BEP mécanique moto, BEP Comptabilité, Bac Pro accueil/service/gestion paie. Aujourd’hui je suis cadre développeur Web (programmeur informatique), avant ma reconversion j’ai travaillé dans beaucoup de métiers différents (CDD,CDI,Interim).
J’ai donc exercé des métiers tel que:
Conseillé vendeur Grand distrib, manutentionnaire, Commerciale, serveur, préparateur cuisine, mécanicien, technicien imprimante, agent administratif, aide comptable / paie et aujourd’hui Développeur Web NTIC depuis 5 ans (à daté de ce commentaire).
J’ai fait ma reconversion grâce à l’autodidacte en informatique (PAO/effets speciaux et conception site web pure statique html) et deux formations (non sans mal) m’ont permis de mettre le pied à l’étrier dans les métiers IT informatique, tel qu’une première formation sur 6 mois de développeur web avec certification microsoft (mais sans certificat à la clé de cette formation) puis j’ai fait une licence pro informatique en alternance sur une durée de 1 an.
Aujourd’hui je connais de long en large le système des formations et notamment l’incompétence et ignorance des pôles emplois dans ces domaines aussi.
Constate t-on une différence entre un diplômé d’état (cursus scolaire) et un détenteur de titre RNCP ? Oui et non en fait.
Cela va dépendre de l’entreprise dans laquelle vous ête, donc de sa philosophie et de ses connaissances en la matière. Le constat est (à ma grande surprise) que beaucoup d’entreprises ont déjà une très vague (voir pas du tout) connaissance des contrats de professionnalisation et contrat de qualification en alternance, alors si déjà ils ne savent pas vraiment comment cela fonctionne il en va s’en dire que les certifications ou diplôme de centre de formation, certains ne connaissent pas du tout !
Rien qu’au niveau équivalence entre des titres de Niveau d’état et diplôme d’état. Il vous suffit de demander à un employeur, responsable ou au tour de vous « à quoi correspond le niveau III d’un titre d’état en rapport à un niveau diplômant d’état ? ». Bon nombre ne seront pas (de plus en plus aujourd’hui mais ce n’est pas encore ça).
Pour le reste, d’autres entreprises ne font aucunes différences, mais certains n’hésiteront pas à trouver n’importe quel subterfuge en terme de stratégie entreprise afin de faire passer un pistonné au dessus de vous, certain pourrait jouer là dessus mais de ce fait leur argument n’aura aucunes valeurs car ils en viennent à faire un discrimination hors la loi alors que l’équivalence reconnus par l’état vaut autant qu’un diplôme d’état.
En France la majorité des entreprises ont encore une grande philosophie digne des dinosaures et que cela n’en déplaise à leur égo mal placé. Quand j’ai travaillé à l’étranger ils font passer les compétences et personnalité avant une carte de visite diplômante, on voit d’ailleurs la différence de performance et de professionnalisme entre des entreprises outre atlantique et française. Nous avons un très grand manque de qualitatif professionnel.
Là où certaines entreprises feront totalement la différence cela peut être dans le domaine Commercial. Ils attachent une plus grande importance au paraître et donc des titres de grandes écoles etc… plutôt que les compétences. J’ai pu le voir dans certaines entreprises dites « prestigieuses » (de mon cul oui) comme Mercedes, où ils faisaient un grand ménage des responsables qui n’étaient pas diplômé d’un Bac+4 ou 5.
En informatique c’est différent sans l’être réellement, car « vous ne pouvez pas tricher ! » le savoir faire du métier prime sur tous les diplômes du monde que vous voudrez ! Même les entreprises qui ont un égo surestimé le temps leur donne tord sur les projets quoi qu’il en coûte.
Pour anecdote, il y a une entreprise où j’étais en gros LE mauvais élément qui n’apportait rien à leur productivité, ils m’ont mis à un multi poste où je gérais non plus que la programmation, mais non seulement le développement, mais aussi l’intégration html/css/js, graphisme PAO, l’ergonomie, le référencement ainsi que le management indirecte de l’équipe dev/integration.
Ils me faisaient du harcèlement morale et grosse pression afin de me virer, en résultat ils on viré d’autres personnes et je devenais plus qu’important dans l’entreprise, j’étais carrément devenue indispensable car je couvrais de nombreux postes en informatique qui leur aurais coûté un coût phénoménale si ils avaient du embaucher des profiles pour presque chacun des postes. J’ai du redévelopper la majeur parti des codes qui avaient été mal programmé, car ces codes étaient efficace à l’instant T et rapidement développé, mais mal pensé en terme de maintenance du code si un autre dev devait se plonger dedans.
Ce qui fait qu’au final, ils ont finit par s’apercevoir que certain de leurs employés très diplômés n’apportaient rien en terme de productivité professionnelle, mais ralentissaient plus qu’autre chose l’épanouissement de l’entreprise.
Résultat ils ont tous fait pour que je reste par la suite mais je suis parti au final, et l’entreprise à littéralement coulé quasiment suite à cela. Le résultat de mauvais choix et d’un mauvais management de nos responsables.
Mais cela ne veut pas dire pour autant qu’un certificat qui plus si il est reconnu par l’état, ne t’aidera pas à trouver un emploi et un bon poste. Tout dépendra surtout de « comment tu sais te vendre » et c’est là bien souvent la différence.
Les certificats RNCP sont-ils reconnus à l’étranger ? Oui / non, selon les accords européens et internationaux des pays signataires. Donc les pays n’étant pas signataires de ces accords.
Mais il faut aussi voir l’intitulé de votre Certificat inscrit au RNCP et si il existe encore en fait. Car si tel n’est pas le cas il ne sera probablement « plus » reconnu à l’étranger.
D’où l’incohérence d’un temps de validité de certaines des certifications que je trouve complètement inutile dans un certain sens.
C’est à dire par exemple encore dans l’informatique, ce que l’on a pu vous apprendre sur certaines techno et langage sont « valable » aujourd’hui, mais ne le seront plus dans quelques années sans doute, ce qui est compréhensible.
Mais d’ici là vous aurez acquis d’autres compétences de part votre parcours professionnels et autonomie (par vous même sur internet) qui auront probablement plus de valeur qu’un diplôme en fait.
Ce que j’aimerai beaucoup, moi, c’est avoir le retour de professionnels : constatent-ils des différences entre des étudiants diplômés d’état et des étudiants simple détenteurs de titre RNCP, à domaine équivalent ?
Evidemment cela dépend des formations, des secteurs, de l’école, etc..mais j’aimerais avoir un semblant de retour, car s’y retrouver dans ce bazar est tellement fatiguant..
Je suis étudiante en web/multimédia, et bien que le public soit à la traîne au niveau des formations (un article est même consacré à cela sur le site des métiers de l’internet du gouvernement – une très bonne initiative d’ailleurs ce site !), j’ai du mal à compléter mon cursus par une formation privée car je doute toujours de la reconnaissance des titres RNCP au long terme. Comme vous le dites, un diplôme, au moins, est permanent. Donc je me demande sincèrement ce que vaut cette certifications sans le diplôme d’état qui va avec, comment ce titre est perçu au delà de l’hexagone, et si l’on peut d’ailleurs le valoriser au même titre qu’un diplôme outre atlantique (ou à l’étranger tout simplement).
Je ne sais si vous avez fait un article là-dessus, mais ces questions me travaillent tellement depuis des mois que j’avoue ne plus savoir où me tourner pour obtenir des réponses (fiables!).
Cordialement
Il est clair que les diplômes officiels sont devenus nettement insuffisants, mais la question se pose également: vont-ils devenir inutiles? Ma réponse est: » Probablement oui! ».
J’en ai fait l’expérience en fondant il y a 20 ans SCHOLA NOVA, une école indépendante d’humanités gréco-latines, qui a, précisément, refusé d’être reconnue par l’État pour préserver la qualité et la liberté de ses programmes. Si, au début, cela a limité fortement le nombre d’inscriptions (les parents craignant pour le « diplôme » de leurs enfants), la réputation de l’école et les résultats à l’université sont tellemnt supérieurs, que non seulement les parents prennent « le risque » quand leurs enfants sont doués (ce qui fait une augmentation chez nous des bons élèves et une disparition (non voulue) des moins forts), mais même les universités accordent certains privilèges (dispenses de certains cours etc.) à ceux qui sortent de Schola Nova. Donc, finalement, notre diplôme qui n’a officiellement aucune valeur étatique, devient par le fait même un laisser-passer presque partout, et la réputation augmente d’année en année.
J’en conclus que ce qui est vrai pour SCHOLA NOVA doit certainement le devenir pour d’autres…
Merci beaucoup Cybele pour cette comparaison très intéressante avec le Quebec quant à la place du diplôme sur votre marché du travail.
Très intéressant comme toujours. La différence nord-américaine est également à noter : au Québec, entre autres, le diplôme est surtout important en début de carrière, puis progressivement il perd de l’importance. Un niveau de formation sera demandée pour certains postes ou certains endroits (ex. dans la fonction publique, dans certaines banques, etc.) mais les employeurs sont généralement flexibles pour considérer une combinaison expériences/formations même si celle-ci est non conventionnelle.
De plus, il est très rare que la diplômation influence fortement le niveau de salaire. Certains postes offriront un peu plus ou un peu moins en fonction des diplômes mais ce n’est pas la majorité.
J’ai qu’une seul question a posé : quelle est, aujourd’hui, la valeur d’un diplôme ?
Bonjour,
Je vous remercie pour votre commentaire qui illustre les rigidités et les dogmes du marché du travail… et des processus de recrutement.
Votre expérience illustre aussi les limites de la formation professionnelle continue pour se remettre en selle.
La question ne relève pas de son intérêt (acquisition et développement de compétences) mais de sa valeur ajoutée en matière d’Employabilité et d’Emploi compte tenu de l’investissement financier et en temps.
Je prépare un article sur ce sujet : soit les contenus ET les modalités de formation ne répondent pas suffisamment aux besoins du monde du travail, soit c’est une question de culture et de repères qui n’ont pas changé (le diplôme…)
Merci pour votre contribution à l’échange, n’hésitez pas à nous communiquer votre CV en utilisant la question gratuite pour un avis. Bonne journée
En effet il est bien dommage qu’en tant que quinqua, 35 ans de vie active,avec un CAP comptabilité en poche, ponctuée par des périodes de chômage, de petits contrats, pourtant une vie professionnelle bien rempli dans la banque, l’ingénierie, la formation et une presque belle évolution dans l’informatique, si il n’y avait pas eu un licenciement en 2007. Depuis, je galère pour retrouver un poste de cadre, parce que je n’ai pas le diplôme qui va bien, que j’ai la théorie mais pas de pratique après une formation qui m’a couté plus de 4000 euros! Pas un entretien, aucune chance de donner mes motivations, mes collègues qui avait un master en biologie, en géographie… ont décroché un entretien et un poste!